à commander sur le site de Charles Pennequin : 

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une chaise ça n’est pas tendue et ça n’a pas de pli, sauf une chaise longue, sauf un transat qui présente des plis lorsqu’il est plié et bien tendu avec un cul dessus, deux culs dessus ce n’est pas confortable et le tissus risque d’être distendu, la peau de mon cul n’est pas distendue sauf lorsqu’elle hésite entre deux chaises, c’est très inconfortable, c’est une situation qui ne doit pas durer, qui ne doit pas se dire, on ne dit pas à quelqu’un que l’on rencontre j’ai la peau du cul distendue, on ne dit pas non plus à quelqu’un que l’on rencontre bonjour j’ai la peau du cul tendue entre deux chaises, on ne dit pas souvent cela, ça créer du malentendu, j’aime les chaises et plus encore les tables mais une tables sans chaise ce n’est pas confortable, une table peut servir de chaise sans dossier pour un géant, une chaise peut exister sans table, une chaise peut servir de table à un petit enfant, une table peut difficilement exister sans chaise, j’existe dans un univers fait de tables et de chaises, je monte et saute sur des chaises, plus rarement sur des tables, la table peut élever la femme dont tu parles, cette femme qui est allongée pendant plusieurs générations, cette femme peut être relevée par une table mais aussi recouchée sur une table, cette femme engrossée va être recouchée sur une table, une table à accoucher ne doit pas casser, une table cassée c’est tordant, une chaise renversée c’est hilarant, le tout c’est parfois très violent, un cul entre deux chaises ça tire, ça se tend ou ça touche terre, quand ça touche terre c’est hilarant ou c’est violent, deux chaises avec un cul au milieu ça peut faire rire aussi, si on remplace les chaises par des tables ce n’est plus aussi marrant

.................... Fritz Colère de son vrai nom Fritz Angoissé (extrait de Mars)

Comme on sait, Mars est le dieu de la guerre, de l'agression et de la force créatrice (que la guerre est à l'origine de toute chose, le fait est connu depuis des siècles), du printemps et du commencement de l'année (on sait que chez les Romains, le mois de mars, dédié à Mars, était le premier mois de l'année ; et c'est ce gêneur de Jésus, avec sa naissance innoportune, qui a introduit le désordre dans ce bel ordre ancien).

Il est le dieu du renouveau et du principe créateur et vraiment surtout le dieu des créateurs et des artistes. Bien sûr Apollon, que certains milieux tiennent en haute estime (moi, je ne l'estime pas), a aussi un rapport avec la culture ; mais cet adolescent un peu blet, avec sa sempiternelle lyre et sa coiffure à la Botticelli, serait en fait le dieu des gens de lettres plutôt que des poètes, et il est sans doute plus à sa place dans le supplément littéraire du dimanche de la Neue Zücher Zeintung que dans le monde des vrais poètes, qui dans son essence est martien.

Mars, Fritz Zorn, Gallimard 1979 

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